Le Saussinet n°12 4Septembre 2022 10260 - Rumilly-lés-Vaudes |
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Le labourage à Channes - Partie 4
En arrière de cette demi-lune, une autre entretoise de métal
reliant les deux branches de l’« U » est destinée à recevoir la
chaînette de maintien de la goupille de fixation de l’attelage,
et
une autre chaîne (très forte, celle-là),reliant la partie
antérieure
de la crémaillère de la haie à l’avant- train.
Enfin, en arrière de l’essieu,une dernière entretoise, très
forte,
en fer plat et cranté, reçoit une seconde chaîne à forts
maillons,
pouvant se déplacer sur les différents crans et reliant l’avant-train
à la crémaillère de la haie, en sa partie inférieure.
La pièce constituant l’« U » vertical de l’avant-train supporte
entre ses deux branches une pièce appelée « chevalet », disposée
horizontalement et qui a pour rôle de
servir de point d’appui à la haie. La
flèche passant entre les deux branches
de I’« U est maintenu sur ce chevalet
par un manchon incurvé, qui peut se
déplacer horizontalement.
Le chevalet, primitivement en bois, a été petit à petit remplacé par une pièce métallique. Il peut, par un système de goupilles s’adaptant à des trous systématiquement pratiqués dans les deux branches verticales de l’« U », monter ou descendre entre ces branches, donnant ainsi à la haie une position plus ou moins inclinée par rapport au sol.
Cette opération se répercute évidemment sur la
position du soc, dont la pointe mord plus ou moins profondément
la terre. Le mouvement de coulisse du chevalet est, sur
certaines charrues, obtenu à l’aide d’une vis sans fin actionnée
par une manivelle au sommet de l’« U ». C’est le «régulateur »,
dispositif plus récent et plus sophistiqué que celui des
goupilles.
Enfin, au sommet de l’« U », sont soudés les deux anneaux
destinés à assurer le maintien du cordeau. Ces anneaux sont
tantôt fixes, tantôt mobiles, tantôt en forme de vrille ou de
tire-bouchon,
ce qui dans ce dernier cas rend plus facile le passage
du cordeau.
Organes d’attelage
Le palonnier, ou
éprène
(Channes), est constitué par une barre
horizontale, d’une longueur de 1,20 m. au minimum, et portant,
à chaque extrémité un crochet destiné à recevoir les traits au
cas
où l’attelage n’est qu’à un seul cheval. Au cas où deux chevaux
sont utilisés de front, chaque crochet reçoit un palonnier intermédiaire,
semblable au premier, qui reçoit à son tour, à chacun
de ses crochets terminaux, les traits de l’attelage. A Channes, à
Maisons, ce palonnier intermédiaire est appelé
"éprèniau".
Le palonnier peut être en fer ou en bois. Sa structure varie suivant
le matériau utilisé
Les accessoires
-
Le fouet
Sur le mancheron de droite (ou de gauche si le laboureur est
gaucher)
est fixée la douille où se trouve le manche du fouet. Ce manche
souple,
en bois de coudrier, mesure environ 2 mètres de long. Une mince
lanière
de cuir blanc de longueur égale est fixée à son extrémité par une
« enchapure ». Cette lanière se termine par la « mèche », ficelle
fine et
très solide, d’une dizaine de centimètres que, sans doute par
suite de son
utilisation, on appelle du « fouet » ou encore du « fouat ».
Cette mèche
sur laquelle on fait un ou deux noeuds, permet d’obtenir ce
claquement
caractéristique qui stimule éventuellement le cheval dont
l’ardeur défaille,
ou lorsqu’un effort exceptionnel lui est demandé. Il suffit de le
faire claquer à son côté ou à la rigueur de lui en chatouiller la
croupe ou
les flancs pour obtenir le réveil de son activité.
Le fouet s’appelle aussi la « varge » (Bertignolles, Chervey), ou la « vorge » (Channes).
- La perche
En dehors des opérations de labourage proprement dites, et lors
des
déplacements de la ferme au lieu de travail, le soc de la charrue
ne doit
pas attaquer le sol et pour ce faire, être maintenu au-dessus de
son
niveau. On obtient cette position dans la majeure partie des
campagnes,
en coinçant tout simplement en dessous du bloc-soc une perche,
suffisamment rigide, prenant d’une part appui sur le sol, et,
attachée à
l’autre extrémité par un cordeau ou une chaînette contre la haie.
Le bout
de la perche sert ainsi de support pendant le parcours.
-
Le trainet
Un dispositif moins rudimentaire a été par la suite utilisé pour
remplacer
la perche. On place sous le
bloc « travaillant » une paire de
petites roues porteuses fixées à ce
bloc par leur essieu. Ce dispositif
s’appelle le « traînet » ou
dans certains villages (Channes, Riceys) le
« traîniau ».
La charrue devient ainsi un engin à quatre roues et les parcours en sont rendus plus rationnels.
- Le cordeau
Le cordeau constitue le lien matériel entre l’homme et le cheval,
pendant
la conduite de la charrue. Il est
constitué par une cordelette à la fois
souple et résistante, d’un centimètre de diamètre environ. Sa
longueur
est en général de huit mètres. Elle est répartie en deux branches
égales,
allant du mors du cheval aux mancherons de la charrue.
En agissant sur l’une ou l’autre branche, le laboureur peut, tout
en
continuant à maintenir sa charrue, obtenir du cheval un
changement
de direction soit à droite soit à
gauche, et diriger ainsi la marche
de son attelage. Une traction
simulée sur les deux branches du
cordeau provoque l’arrêt. (Le
cordeau : en début de siècle, un cordeau de 8 mètres était vendu à la foire d’Arthonnay
(pays de l’Yonne, limitrophe
de Channes), 2,40 F, soit 0,30 F (six sous) le mètre)
Conduite
Trois éléments entrent en jeu
pour la conduite de la charrue
pendant le labourage : la voix, le cordeau, le fouet.
Les deux premiers sont en pratique utilisés simultanément. C’est
particulièrement
lors des travaux de labourage que s’établit entre l’homme et
le cheval une liaison verbale quasi constante. Un cheval bien
accoutumé
à son maître lui obéit simplement à la voix sans qu’il soit
besoin d’utiliser
le cordeau ou le fouet. Mais il est certes indispensable que l’animal
soit traité en ami et non en esclave. D’ailleurs cet animal
n’est-il pas le
compagnon de travail du paysan ? Il doit exister entre eux une
sorte de
compréhension et d’intimité réciproques. La brutalité, pour
obtenir
l’obéissance, ne donne aucun résultat valable et ne fait
qu’avilir son
auteur. L’animal soumis aux coups de fouet, aux jurons et aux
cris,
s’abrutit et ne peut fournir qu’un mauvais travail. Fort
heureusement, le
paysan, en général, en est conscient, et
dans la majorité aime son
cheval et s’y attache. Il existe certes des exceptions mais cela
est une
autre histoire...
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