Le Saussinet

n°19

Décembre 2012

10260 - Rumilly-lés-Vaudes

                                                       

A Rumilly, le Moyen Âge.

Le Syndicat d’Initiative de Rumilly a pensé célébrer ses 50 ans par une fête médiévale, les 18 et 19 mai 2013.

Belle occasion pour “Rumilly Histoire et Patrimoine” d’essayer d’appréhender le Moyen Âge à Rumilly, une période que les historiens situent entre 395 et 1453.

La présence de tuiles de facture gallo-romaine lieudit Les Bocages, à droite de la route de Chaource, à l’orée de la forêt, comme les restes d’une coupelle et le four de potier découverts sur  le Courtin de la Grange, témoignent d’une toute première occupation de cette partie de notre territoire, lorsque notre village s’appelait Rumiliacum, du nom du Romain à qui l’administration de l’époque en avait confié la gestion.

Est-ce qu’en ce même espace, le lieudit La Herse, n’était pas déjà un château fort autour duquel se seraient groupés artisans et vilains ? Le lieudit Les Corvées semble le confirmer.

 

Le Chemin de la Vieille Église nous rappelle que Rumilly, s’est étendu jusqu’au Grand Chemin, jusqu’à dépasser la route actuelle de Troyes à Bar-sur-Seine à l’époque où se christianisait la Gaulle. Le Saint-Martin de notre église en témoigne.

Nos ancêtres n’ont certainement pas eu connaissance de la rencontre de Clovis et de Clotilde à quelques kilomètres de là.
En revanche les vilains, hommes et femmes qui l’habitaient, travaillant la terre, oeuvrant en forêt n’ont pu échapper aux maux de ces temps difficiles. Comme la lèpre que Jean Colet évoque dans les Statuts synodaux qu’il a rédigés pour son évêque Odard Hennequin.

C’est la manière de recevoir le ladre et le mettre hors du siècle et le mettre en sa borde.

La journée quand on les veut recevoir, viennent à l’église et sont à la messe, laquelle est chantée du jour ou autrement selon la dévotion du curé et ne doit point être des morts si comme aucuns curés sont accoutumés de le faire.

Item à icelle messe le malade doit être séparé des autres gens et doit avoir le visage embrunché (caché) comme le jour des trépassés

Item à icelle messe doit offrir ledit ladre et doit baiser le pied du prêtre et non la main.

Item à l’issue de l’église le curé doit avoir une pelle à la main et en icelle pelle doit prendre de la terre du cimetière trois fois et mettre sur la tête du ladre en disant : mon ami, c’est signe que tu es mort quant au monde et, pour ce, ayez patience en lui.

Item la messe chantée, le curé avec la croix et l’eau benoîte, le doit mener en sa borde...

Suivent de multiples obligations parmi lesquelles : n’entrer en aucune autre maison que sa borde, se tenir « sous le vent » en présence d’une autre personne, ne pas entrer à l’église lorsqu’il y est célébré un office, ne pas regarder en un puits pas plus qu’en une fontaine, (comme si l’image du lépreux pouvait en contaminer l’eau), avoir en main sa « tartevelle » (sa crécelle) lorsqu’il sollicite l’aumône…

C’est en cette période qu’après le Rumiliacum des Romains, notre village trouve le nom que nous lui connaissons de nos jours. Rumeli est noté en 1140, Rumilly apparaît en 1247.Ce ne sera qu’en 1308, après les « états » de Tours convoqués par le roi Philippe IV le Bel qu’il trouvera son appellation définitive.(Voir le Saussinet n° 14)

Il faut attendre les années 1101, 1108, 1250, pour connaître les maîtres de Rumilly. Ce furent les Comtes de Champagne associés aux Abbés de Molesme qui régnèrent pendant ces temps, comme le dit un acte de donation, « sur les hommes, les eaux, les bois et les bêtes » de notre village.

Ces deux seigneurs prirent évidemment leur part du travail de la terre que les manants exploitaient ainsi que sur les revenus de la forêt, accordant cependant à leurs sujets le droit de prendre en celle-ci du bois pour leur cheminée ainsi que pour la construction et la réparation de leur chaumière, simple souci peut-être de les retenir sur le domaine, entassant en leur « grange aux dîmes » comme ont écrit les Goncourt dans leur langage fleuri : « magnifiques et bien sonnants, et doux flattants revenus de leur ferme du ciel, ayant à portée de la main toutes bonnes et désirables choses, les belles plaines, avec fraîches eaux, beaux prés valants, terres fertiles, salubres et délicieuses, étaient leurs douaires et leurs hoiries prédestinés ».

C’est l’époque où Bernard de Clairvaux fait miracles, à Fouchères comme à Vaudes.

Avant qu’à la suite des curés Jean et Jacques Colet, un autre Jean, envisage la construction d’une nouvelle église, celle qui est nôtre aujourd’hui. Rumilly quittait le Moyen-Âge pour une autre période : la Renaissance.

 

Le Foyer Pasteur

C’était, pendant et après la période dite de l’Occupation. Le nom de cette association, comme celui de la coopérative scolaire Pasteur, tenait à souligner qu’en l’esprit de son initiateur ce chercheur guérisseur, contrairement à d’autres « grands hommes » n’avait oeuvré que « pour la vie ».

Les jeunes de cette époque : Gilbert, Hubert, Georges, Solange, Geneviève, Hector et autres, avaient accepté de se retrouver pour, ensemble, participer…

D’où, voyages, kermesses, représentations théâtrales, sons et lumière au Manoir et à l’Église… pour offrir à nos concitoyens ce que les élèves des écoles ont appelé « le petit théâtre ».

Encore fallait-il disposer d’une salle avec une scène aménagée, des coulisses, des décors. Le lieu fut facilement trouvé et accepté ; ce serait, au premier étage du Manoir, l’ancien appartement de l’instituteur qui jouxtait la salle de mairie. Il suffisait d’en supprimer les cloisons. Les jeunes s’y employèrent.

Maladresse involontaire, un pan de l’une de ces cloisons leur échappa, enfonçant une solive du rez de chaussée. Grâce à la scierie Védé, le mal fut vite réparé.

L’espace ainsi libéré, il fallut l’aménager. Une scène fut installée, ses coulisses communiquant avec la mairie en laquelle les acteurs amateurs pouvaient se costumer. Elle permit aux jeunes comme aux enfants d’offrir au village (et aussi en déplacement), pièces et scénettes diverses, ceci pendant plusieurs années jusqu’à ce que, faute de participants, le cinéma s’installe dans la salle du rez-de-chaussée qui, de l’autre côté du couloir, faisait face à la classe en exercice.

La coopérative scolaire Pasteur, hors le « petit théâtre » éditait un petit journal « Coopa », d’abord limographié puis imprimé par les élèves eux-mêmes, faisant état de leurs « textes libres », de leurs dessins souvent gravés sur lino.

Avec, lors des récréations, les jeux de la balle pourrie ou de grande thèque. Qui s’en souvient encore ? Qui se souvient de ce jeu chanté et dansé : l'amie la Madeleine ?

Deux rangées se faisaient face. Chacune à son tour avançait vers l’autre en chantant :

« A quel époux la donnerez-vous

L’amie, la Madeleine ?

Nous lui donnerons : (prénom et nom)

En ce cas-là nous refusons

(nous acceptons)

L’amie la Madelon. »

Si la proposition était validée, celui qui était ainsi désigné changeait de rangée.

 

Dessins et textes d’élèves

Ce matin, coucou

Pierrette est allée au grenier coucou

Elle a entendu :coucou

Le coucou chanter

Elle a dit : coucou

Je ne serai pas riche de l’année coucou

Car je n’ai pas d’argent dans ma poche

C’est le printemps, coucou, coucou

Préparons-nous coucou

Pour aller à l’école.

 

Jean et papa discutaient sur les façons de capturer les bécasses.

Le mieux, dit Jean,c’est de prendre une écumoire et d’attendre le passage de la bécasse.

Quand l’une d’elles passe, tu tends ton engin et l’oiseau se prend le bec dans l’un des trous de l’ustensile.

Avec un marteau, tu rives de l’autre côté et tu guettes une autre prise.

“Bécasse en sac. Bujon t’attends”.

 

 

 

 

Nos vieux mots

chanveu : filandreux

cheurler : boire plus que de raison

cheurlo : celui qui boit souvent

chèsser : sécher

chimi : mercuriale annuelle

chipotes : petits morceaux

chaulée : bouffée de vapeur

chogne : triste

chouigner : pleurnicher

chti : chétif, malingre

daguer : se dit d’un chien essouflé

dagorne : vieille ou mauvaise vache

dardler : tituber

daré, darié : derrière

darne : étourdi

débeurnaclé : démoli, brisé

débringué : d’un outil inutilisable

 

Retrouvez  le SAUSSINET

au Café-Restaurant du Manoir à Rumilly-lés-Vaudes

et  sur le site internet : http://jean.daunay.free.fr