Le Saussinet

n°21

Février 2013

10260 - Rumilly-lés-Vaudes

                                                       

Un mois, un vitrail

Au transept sud

En l’église Saint-Martin de Rumilly, hors le retable, il est bien une oeuvre essentiellement destinée à magnifier la foi des chrétiens. Il s’agit du grand vitrail du transept sud dédié à saint Jean, composé pour l’édification et l’instruction des fidèles, à la manière des «mistères» autrefois joués à grand renfort d’acteurs sur le parvis des cathédrales, accessible dans sa réalité picturale aux chrétiens de l’époque mais cependant conçu dans une sorte d'abstraction intellectuelle. L’initiateur n’a pu en être que Jean Colet dont on sait qu’il était licencié « es droicts » (canoniques). Jean Colet a voulu ainsi honorer Jean-Baptiste, son patron.

Nous sommes véritablement ici devant le « livre » de saint Jean qui représente, nous a affirmé un honorable ecclésiastique « toute l’espérance que le précurseur a fait naître en baptisant le Christ et en le désignant au peuple comme le messie ». Nous retrouvons cette espérance en la totalité de la fenêtre ; elle en est comme saturée. C’est l’espoir et la foi qui éclatent dans la lumière, les verts et les bleus, les ors et les rouges des figurines.

Cette verrière renferme, nous a dit Mgr Marsat, toute la liturgie de l’Avent, cette période qui précède et prépare Noël, telle qu’on la célébrait avant le concile. C’est bien saint Jean que le curé bâtisseur a voulu honorer, bien même si, à première impression, il semblerait que ce soit la Trinité qui, tout au haut de la verrières, domine la scène. Tout au contraire, s’il s’agit, à gauche, de Dieu le père accompagné de la formule - Envoie ton esprit et la face de la terre sera changée et, s’il est affirmé, à droite - La justice fleurira devant le Seigneur autour du portrait du fils, saint Jean se situe entre les deux. Saint Jean « le précurseur, celui qui a baptisé le Christ» dont la banderole qui entoure son portrait affirme - Parmi les enfants de la femme, il n’en est pas de plus grand que Jean-Baptiste. Il s’agit bien entendu du saint Jean qu’on fête en fin d’année, au temps liturgique de l’Avent.

Ce vitrail invitait en effet à connaître ce qui était à venir.

Un mystère ai-je dit. Sous le premier échafaud, au registre du bas n’est pas l’enfer avec ses diables et les âmes des damnés comme il était d’usage devant nos cathédrales mais, sur fond vert la terre, notre terre, sous laquelle gisent tous ceux qui sont morts avant que le Christ apporte sa nouvelle.

Les accompagnent, Anne et Siméon, auxquels les phylactères font dire : - Lorsqu’il naîtra, penses-tu que je le verrai ? Ah ! si je pouvais voir cet événement. et - Tu ne verras pas la mort avant d’avoir vu le Christ du Seigneur.

 Toutes inscriptions latines, versets de psaumes, dont on s’étonne que Jean Colet n’ait pas songé à les faire écrire «en français» selon la formule qu’il a employée pour rédiger les Statuts synodaux de 1530, recueil de préceptes expressément destinés comme il l’a écrit :
au pour peuple chrétien à qui chacun curé est tenu de les déclarer en son église en les exposant en français.

à la droite d’Anne et de Siméon, les âmes des morts attendent dans les limbes (un terme qui ne semble plus d’actualité en 2013) la venue du Christ, lequel doit dire aux hommes ce qu’il leur adviendra après la mort. Pressés dans leur tombeau, mains jointes, ils implorent, les yeux fixés vers le ciel.

Le troisième registre de la verrière dit :
            -
  Viens nous délivrer Seigneur, dieu des armées.
                Seigneur, envoie l’agneau, souverain de la terre.
                Ô Seigneur, réveille ta force et viens nous sauver
.

Trois des huit invocations lancées par ceux qui attendent. Ceux-là ? des hommes adultes, barbus, un enfant et peut-être une femme, sans qu’on puisse la différencier de ses compagnons d’infortune.

Sur le premier échafaud, sur fond azur, et pour répondre aux souhaits d’Anne et de Siméon, le mystère de Jean Colet nous hisse sur notre terre. C’est l’archange Gabriel qui annonce à Marie que l’enfant qu’elle attend aura la destinée que l’on sait.
            -
Prépare ta demeure fille de Sion, voici que vient ton roi.
            - Voici que vient ton Sauveur
.

Une Annonciation qui, dans l’église Saint-Martin de Rumilly complète celles du portail, de pierre sculptée celles-là.
Vient alors, tout naturellement, celui qu’on attendait, le Christ dans sa majesté, le doigt de la main droite levée, un globe surmonté de la croix dans la main gauche, nimbé d’or, côtoyé du verset :
            -
Réjouis-toi... car voici que je viens et j’habiterai au milieu de toi.
Deux tableautins complètent ce premier étage du mystère.
Dans celui de droite, deux femmes se font face dont l’une tient en main une balance ; elle affirme la Vérité tandis que l’autre est Amour.
            - Dieu aime Amour et Vérité - Amour et Vérité se rencontreront disent les phylactères.
A gauche la justice et la religion s’embrassent. La justice arbore le glaive et la religion tient en mains une image de la crucifixion.
            -
En ses jours apparaîtront justice et abondance de paix. - Justice et paix se sont embrassées.

Sur le second échafaud de ce mystère trônent les Vertus, entourées de nuages, sur fond or, pieds et bras nus, le bas de la robe virevoltant, les yeux tournés vers un autre ciel que celui dans lequel elles sont affichées.

- Le Seigneur requiert la loyauté. C’est ce que professe le personnage de droite qui, une balance à la main, représente la Vérité.

Vient ensuite la Justice, déjà connue à l’étage au-dessous, qui brandit une épée dressée aussi grande qu’elle.
- Le seigneur est juste, il aime la justice.

La troisième, les deux mains croisées sur la poitrine, symbolise l’amour qu’elle porte à Dieu et à ses semblables.
-
La miséricorde du Seigneur s’étend à tous les siècles

La religion, quatrième personnage, tient en main une représentation du Christ sur la croix Elle souhaite :
- Que le Seigneur bénisse son peuple dans la paix.

Toutes représentations symboliques bien abstraites comme nous l’avons déjà signalé, accompagnées de citations latines qui, à notre avis semblent bien loin de l’entendement que Jean Colet, lui-même, prêtait aux paroissiens de l’époque. Ce qui nous fait penser que c’est aussi, pour sa satisfaction personnelle qu’il a fait réaliser cette immense verrière.

A remarquer, en ce vitrail, quelques “chefs-d’oeuvre”, ainsi appelle-t-on ces étoiles insérées dans le verre avec tout l’art du maître verrier sans qu’aucun plomb ne les relie au plomb qui la limite.

Des chefs-d’oeuvre qui accompagnent, celui qui domine la verrière voisine, bel exemple de pentacle minéral.

Jean Colet s’est fait là, dans le bas du vitrail, nommément représenter.

On y lit : Maître Jehan Colet, prêtre, licencié en droit (canonique il se doit), chanoine et official (c’est-à-dire juge auprès de l’évêque) de Troyes, natif et curé de Remilly sur Vauldes, donna cette verrière.

Il nous faut rappeler qu’il a été dit que, chaque hiver, Jean Colet parcourait une province différente de France, y quêtait pour son église, afin que, l’été suivant, il puisse y faire ajouter une travée.
Je pense fortement qu’il devait, en échange des dons qu’il recevait, offrir les indulgences qu’offrait la bulle que son frère Jacques était allé chercher à Rome en 1493 pour les réparations à faire en l’église ancienne)...
au moys d’apvril 1548, devant Pâsques.
A cette époque le premier jour de l’année commençait à Pâques qui, comme l’indique encore Jean Colet dans les statuts synodaux de 1530,
est toujours le tiers dimanche qui vient avec la prime lune qui est premièrement trouvée après les nones de mars.

Autrement dit, en langage actuel, le premier dimanche qui suit la pleine lune après l’équinoxe de printemps, donc entre le 22 mars et le 26 avril. L’année 1548 était terminée, le dimanche, premier de l’année 1549 n’était pas encore là, d’où l’expression : devant Pâques. Priez s’il vous plaict Dieu pour lui.
C’est la formule habituellement utilisée par les donateurs d’une oeuvre pieuse. Elle complète cette peu modeste inscription qui a toutefois le mérite d’avoir conservé pour la postérité, la mémoire de notre curé bâtisseur.

Les armes du curé Jean Colet ne pouvaient pas ne pas faire partie de cet ensemble monumental. Elles figurent à droite et à gauche du cartouche ci-dessus cité. D’or, au chevron d’azur chargé en chef d’une étoile aussi d’or et accompagné de trois oeillets de gueules tigés et feuillés de sinople, portées par deux griffons. Elles sont accompagnées de la prière Nos evincla théos (Ô Dieu délivrez-nous) et de la devise de notre curé Souvent à conseil.

 

 Un cartouche du vitrail de la chapelle de la Vierge nous renseigne à leur sujet :
Du donneur
(tu) as l’oraison et (la) devise
Si de son nom les lettres bien advise
.

(Si ces lettres, tu les vois différemment ordonnées). C’est en effet avec les lettres de Johannes Coletus, à l’exception d’une seule, que notre curé a, par anagrammes, composé et sa prière et sa devise.

Priez Dieu pour lui. C’est ce que ne manqueront pas de faire les chrétiens d’aujourd’hui et les autres. Pour le remercier de l’oeuvre magnifique qu’il nous a laissée en l’église Saint-Martin de Rumilly-lés-Vaudes.

 

Orthographe

Accord du participe passé employé avec avoir

Autrefois la mémère avait lavé la laine brute et me l’avait fait déposer sur les rosiers du jardin pour qu’elle y sèche au soleil.

La règle: Le participe passé employé avec avoir s’accorde avec le complément direct s’il est placé avant.

Ex: Ces roses je te les ai données.

Où il semble qu’il y ait difficulté c’est quand deux verbes se complètent.

Pour connaître le cod, il suffit de poser, tout de suite après l’auxiliaire et le participe, la question:

Est-ce que je sais ce que (sujet, auxiliaire verbe...)

Cette laine, elle me l’ avait fait déposer.

Est-ce que je sais ce que la grand-mère avait fait ? Non. Donc, pas d’accord.

Autre exemple. Ces inconvénients que je n’ai pas su prévoir. “Inconvénients” est le c.o.d. de prévoir et non de su qui reste au singulier.

Lu dans Histoire de la France, Éditions Larousse 1995 page 22.

...“ la côte des Bars ” avec un S pour nos deux Bars.

L’auteur ?... Georges Duby de l’Académie Française.

A la médiathèque des frères Goncourt

nom propre

J’ai lu tous les Goncourts = (leurs oeuvres) : nom commun

 

Nos vieux mots

cheurler : Boire plus que de raison

cheurlo : Celui qui boit trop

faire le chien : Fêter la fin de la moisson

chimi : Mercuriale annuelle

chipotes : Petits morceaux

chaulée : Bouffée de chaleur

chogne : Triste

chouigner : Pleurnicher

chti : Chétif, malingre

daguer : Se dit d’un chien qui s’essouffle

dagorne : Vieille ou mauvaise vache

dardler : Tituber

daré : Derrière

darne : Etourdi

débeurnaclé : Démoli, brisé

défreuchurer : Défricher

dégrimoner : Egratigner, griffer.

 

Retrouvez  le SAUSSINET

au Café-Restaurant du Manoir à Rumilly-lés-Vaudes

et  sur le site internet : http://jean.daunay.free.fr