Le Saussinet

n°28

Septembre 2013

10260 - Rumilly-lés-Vaudes


RUMILLY-lés-VAUDES Histoire de mon village.

Quand le touriste quitte Troyes en direction de Bar-sur-Seine, à quelques 20 km de là, à la hauteur de Saint-Parres-lés-Vaudes, c’est Rumilly qu’il aperçoit, Rumilly aux toits de vieilles tuiles plates au-dessus desquels se détache le rude clocher de son église.
Rumilly qui mêle aux bâtiments neufs de son école les vieux murs de pierre, de bois et torchis, de ses anciennes demeures. Rumilly qui, à une lieue de là, grimpe à l’assaut de cette pente toute modeste qui fut rive gauche de l’ancienne Seine.
Rumilly, délicieusement noyé de verdure à l’orée de la forêt. Qu’on l’aborde par la route qui vient de Saint-Parres ou par celle de Fouchères, qu’on le découvre venant de Chaource, débouchant par la forêt ou bien encore qu’on descende du plateau de Jully pour piquer du nez sur l’Hozain, on est surpris par son attitude réservée et son charme à la fois noble et discret.
On admire les eaux de son ruisseau, si claires par beau temps et toutes jaunâtres quand il pleut.
On est surpris de la diversité des sites qu’il offre à nos yeux tantôt larges étendues herbeuses ou champs cultivés, buissons touffus, fraîches allées de saules, futaies séculaires aux essences diverses, vergers de pommiers et poiriers
(hélas aujourd’hui disparus, se souvenant qu’en 1760 le curé Henrion comparait Rumilly à une petite Normandie) avec encore de vieilles maisons de pierres ou de bois, granges largement inclinées du côté de la pluie.
Comment s’est modelé ce terrain sur lequel sont assises nos demeures ? Comment les hommes ont-ils vécu, qui nous ont laissé ces maisons et ces monuments ? Et que s’est-il passé à Rumilly depuis que notre monde est monde ?
C’est un peu pour répondre ou pour essayer de répondre à toutes ces questions qu’ont été écrites les pages qui vont suivre.
A des sources diverses nous avons puisé : dans les vieux livres et les archives, sur le terrain même et dans son sous-sol. Nous avons interrogé les Anciens qui savaient et nous nous sommes ainsi attaché, tout au long des années, à l’histoire de notre village.

ORIGINES
Il y a bien longtemps, bien plus que de mémoire d’homme, bien avant l’Histoire, plusieurs millions d’années avant notre ère, les eaux de la mer occupèrent l’emplacement de notre village.
Tout au fond de l’eau s’accumulèrent ces argiles brunâtres, grises ou bleues, souvent rouges, parfois blanchâtres, desquelles on tire une pierre dure et bleue, faite de milliers de petits mollusques, appelée lumachelle.
Les sables, qu’ils soient blancs ou jaunes, les graviers qui s’y sont mêlés, eux aussi se déposèrent en couches, alternant avec les bancs de glaise ou s’amalgamant avec elle.


Tous ceux qui eurent à fouiller notre sol s’en aperçurent, rencontrant le plus souvent, suivant les lieux, après une couche de terre végétale relativement faible, quelques cinq mètres d’argile jaune ou bleue, avant de trouver à plus de dix mètres de profondeur, le sable jaune d’abord, blanc ensuite, sans parler de certaines veines de gros gravillons, coupant la glaise et souvent mêlées d’argile grasse.
Le sous-sol de notre village date en grande partie de cette époque que les géologues appellent le néocomien, bas étage du crétacé qui, lui-même, est la dernière période du secondaire, celle pendant laquelle vivaient les reptiles géants ainsi que ces huîtres énormes que l’on nomme exogyres et dont notre sous-sol renferme un grand nombre.
Notre glaise, on l’employait encore il y a encore quelques années pour la confection des briques et des tuiles de l’usine de Saint-Parres. (On a cru à tort qu’en forêt, au Haut Tuilot, existait aussi une tuilerie. Il faut lire Haut-Tillot, un mot qui rappelle le tilleul et non les tuiles.)
La mer se retira à l’époque quaternaire et, seul subsista un immense fleuve, large de plusieurs kilomètres roulant, entre les collines de Chappes notre actuelle montée vers la forêt, des tonnes d’eau issue des glaciers alpins, des quantités de graviers roulés et retournés qui, peu à peu, se déposèrent au fond de son lit, sur une épaisseur de plusieurs mètres.
Et la plaine nous reste, dont l’uniformité est rompue ça et là par un « trou à grève » exploité par de modernes machines.
Des lieux-dits évoquent ces dépôts calcaires : la Gravière près des deux ponts de l’Hozain, les Terres Blanches entre Rumilly et Saint-Parres.

PRÉHISTOIRE
Sur les rives de cette Seine dont nos habitudes nous permettent mal d’imaginer l’importance, dans cette humidité qui, nous apprend-on, était relativement chaude, au milieu d’une végétation exubérante, apparurent l’hippopotame, l’éléphant, le rhinocéros… et l’homme.
M. Dart a, le premier, retrouvé la trace de notre ancêtre, du côté de Jully, sur les rives des étangs de Saint-Jacques: il a recueilli patiemment ces pierres finement taillées que les spécialistes datent du chalcolithique : fers de lance, racloirs… qui sont déposés au Musée de Troyes ainsi que divers coups de poing et une massue pourvue d’un trou (pour un manche ?)


Qui étaient-ils ceux-là de nos très anciens aïeux, quels pigments coloraient leur épiderme ? Leurs lèvres étaient-elles épaisses, leurs yeux en amande ? Comment s’abritaient-ils ? De quoi vivaient-ils ? Etait-il parmi eux celui qui
égara sur la butte, non loin de l’église, une pierre noire, sorte d’amulette ou élément de collier ?
Ces hommes, nos plus annciens ancêtres ne firent-ils que passer à Rumilly ? Combien de générations se succédèrent-elles ainsi sur notre sol jusqu’à ce que viennent habiter chez nous ceux que nous aimons à reconnaître nos premiers grands-parents, les Gaulois ?

LES GAULOIS


  • Attirés par la forêt et ses bruyères, rassurés par la présence de l’eau du fleuve Seine et de la rivière Hozain, des humains se fixent autour de cet immense noyau forestier auquel, bien plus tard, quand il sera défriché, on donnera le nom de Plaine de Foolz.
  • A la lisière de cette importante forêt se groupent en cercles, les huttes de nos ancêtres qui disposent ainsi du bois, de la possibilité de construire, de l’assurance de toujours entretenir le feu qui éloignera d’eux le froid et la peur.

  •  Avec la terre glaise, le plus habile des hommes confectionne une vaisselle rudimentaire : la coupelle découverte non loin de l’embranchement de la Voie aux Ânes, sur la route de Chaource en est la preuve.

  •  Ils reconnaissent aussi les arbres sur lesquels croît la plante bénie,la plante salvatrice, le gui du chêne. (Il existe encore actuellement des chênes à gui en forêt de Rumilly).


ROMAINS ET GALLO-ROMAINS
Les Romains s’installent bientôt chez nous après la victoire de César sur Vercingétorix. Pour asseoir leur impôt foncier, ils imaginent d’attribuer une certaine étendue de territoire à une personnage nommément choisi qui devient ainsi propriétaire définitif du sol et, par là, responsable de l’impôt.
Certains domaines sont alors désignés du nom de leur nouveau propriétaire, qu’il soit un Romain ou bien un Gaulois ayant adopté les moeurs et coutumes de l’occupant.
Ainsi notre village doit-il appartenir à un certain Romulius ou Romilius ; il hérite du nom de RUMILIACUM qui le suivra jusqu’au 11ème siècle.
De ces temps nous restent quelques souvenirs. Le Turot indique une limite de ce domaine romain ou gallo-romain. Ce sont, à Rumilly encore des lieux-dits : la Place du Turot au chevet de l’église et le Haut-Turot, une frontière confondue avec certainement l’orée de la forêt.
Des fragments de tuiles gallo romaines de forte épaisseur y ont été trouvés au lieudit Les Bocages.

Quelle était la voie romaine qu’évoque pour nous le nom de Chaussepierre ? On a dit qu’une telle voie, partant de Landunum, passant par Beauvoir et Bagneux, longeait le territoire de Lantages avant de traverser la plaine de Cères entre Rumilly et Montceaux et se diriger ensuite sur Troyes.
On appelle encore Voie des Romains le chemin qui, venant de La Chapelle d’Oze traverse la forêt en direction de Nicey.
Il rejoint la Voie aux Ânes, sur la crête, et continue, par Chaussepierre, sur l’Hopiteau et Cères au finage de Montceaux, jusqu’à Augustabona, capitale civile et religieuse de l’ancien pays des Tricasses.
Les Gallo Romains quittent la forêt refuge des Gaulois et s’établissent en une « villa », plus avant dans la plaine, au milieu des champs à cultiver. Il ne nous reste rien de ces deux ou trois siècles sinon, mise au jour au siècle dernier, une figurine qu’on a dit être une Vénus et dont on ne sait ce qu’elle est devenue.

Saint-Martin du portail
  • De ces temps, avant que l’empire romain s’effondre sous la poussée des « barbares », Rumilly conserve un souvenir, le nom du patron de son église, saint Martin qui, d’abord soldat romain, se convertit et devint évêque de Tours.

  • On le voit au-dessus du portail de l’église offrant au pauvre une moitié de sa houppelande.

  • Une statue le représente, à droite de l’abside, revêtu de ses habits sacerdotaux.

Saint-Martin
revêtu de ses habits sacerdotaux



Commentaires et ajouts seront toujours les bienvenus qui témoigneront de l’intérêt porté au village de Rumilly et à son riche patrimoine.
Important ! Les commentaires, en italiques, sollicitent toutes observations et critiques, qu’un habitué des lieux voudra bien communiquer à
Jean Daunay 22, route de Chaource à Rumilly,  10260 Rumilly lés-Vaudes tél. 03 25 40 92 14


Retrouvez  le SAUSSINET

au Café-Restaurant du Manoir à Rumilly-lés-Vaudes

et  sur le site internet : http://jean.daunay.free.fr