Le Saussinet

n°34

Mars 2014

10260 - Rumilly-lés-Vaudes

Histoire de Rumilly...

Les curés de Rumilly

 

Parmi les personnages - et ils sont nombreux - dont le nom s’est inscrit dans l’histoire de notre village, figurent au premier plan : Pierre Pion et Jean Colet.

- Le premier était étranger au village ; c’était un Troyen qui, venu s’établir à Rumilly, y fit construire le manoir et nous le laissa en souvenir de son éphémère passage.

- Quand au second, il est issu d’une pieuse famille rumillonne, fermement attachée à sa foi et solidement implantée sur sa terre natale.

Parce que les belligérants successifs de la guerre de Cent Ans avaient rasé l’ancien village et parce qu’il avait fallu en assurer la reconstruction, les Colet estimèrent de leur devoir de doter le nouveau Rumilly d’une église à la mesure de leur ambition et de leur foi.

Les Colet.

Jean Colet, premier prêtre du nom, y songe. Il est nommé curé de Rumilly de 1465 à 1479. Il est l’oncle d’un autre Jean, celui qui, 50 ans plus tard, réalisera le rêve de la famille.

Jacques Colet, un premier neveu, lui succède. Celui-là obtiendra de la hiérarchie romaine une bulle, datée du 12 janvier 1493. Celle-ci accorde toutes indulgences à qui aidera à la construction et à l’entretien du monument.

Pour autant que nous sachions, il n’y a pas prescription et chacun d’entre nous peut encore espérer profiter des faveurs accordées par ce parchemin. Peut-être estimera-t-on que la disparition des sceaux qui authentifiaient l’acte risque de priver le demandeur des garanties données par les cardinaux et évêques signataires mais cela est un autre problème.

En 1528, c’est Jean Colet - le vrai, l’autre neveu - qui reçoit le bénéfice de la cure de Rumilly . Il est en même temps official de l’évêque Odard Hennequin. C’est lui qui va prendre la responsabilité de la construction d’une nouvelle église Saint-Martin.

Il est vrai qu’il est juge au tribunal du diocèse et qu’il peut user de son influence et de ses connaissances. De plus, il est titulaire de plusieurs cures dans le département, ce qui lui assure d’honnêtes revenus. C’est à Thil qu’il avait tenté sa première expérience. Il y avait fait reconstruire le choeur de l’église et nous retrouverons bien des points communs entre l’église de Thil et celle de Rumilly.

De 1527 à 1549, le chantier de la “cathédrale” Saint-Martin de Rumilly est ouvert.

Chaque hiver, Jean Colet quête en une province française, différente chaque fois. Il propose les indulgences qu’offre la bulle obtenue par son frère Jacques et obtient les ressources nécessaires à la continuation des travaux pendant l’été qui suit.

Les armes de ce prêtre intrépide sont “d’or à un chevron d’azur chargé en chef d’une étoile aussi d’or et accompagné de trois oeillets de gueules tigés et feuillés de sinople”.

 

 

On les découvre en maints endroits de l’édifice. Elles sont peintes sur le retable et les vitraux. Il en est de même de sa devise Souvent à conseilet de son oraison Nos evincla theos.

Les sculpteurs ont gravé son écusson sur le ventre des gargouilles et les céramistes l’ont dessiné sur les carreaux vernissés qui pavent les bas-côtés de l’église.

Quant à son portrait, nous le retrouvons sur le retable, en bas à droite, à genoux devant le Christ ressuscité. La plaque de consécration fixée au trumeau de la porte centrale nous le montre dans la même pieuse et humble posture.

 

En outre, Jean Colet est “portraicturé” en pied, à droite de l’autel, adossé au pilier qui sépare le choeur de la sacristie. le seul des apôtres à qui le ciseau de l’artiste ait donné un visage humain, ce n’est ni Jaques, ni Barthélémy mais Jean. Onze visages sont anonymes ; du douzième seul, on peut affirmer qu’il est celui d’une personne qui a eu un nom et qui vivait au moment où le sculpteur travaillait ; une personne âgée de plus de 50 ans, son front est opiniâtre, ses lèvres légèrement pincées, son nez mutin et bon enfant. Il a les rides, les poches sous les yeux et les bajoues de son âge.

Le voilà donc ce Jean Colet qui mourut, à table, frappé d’apoplexie, à l’âge de 70 ans et qui fut enterré dans le choeur du temple qu’il a fait édifier.

Une dalle est là, sous nos pieds, qui confirme cette assertion.

Le saint Jean de l’église de Rumilly tient en main, selon la tradition, le calice d’un breuvage qui devait l’empoisonner. Averti par un serpent minuscule qui émergea du liquide, il n’en mourut point. Bien au contraire, il semble que Jean ait été le seul apôtre à n’avoir point été supplicié, le seul qui n’ait pas péri de mort violente. On dit même qu’il vécut jusqu’à un âge avancé. Nul doute que cette légende ne corresponde à une très antique croyance.

On fête saint Jean apôtre, le 27 décembre, à l’époque où les jours, las de décliner, reprennent une nouvelle vigueur. C’est le moment où le cycle annuel de la nature tend vers la mort et tout aussitôt reprend, et prépare la renaissance printanière. Cette coupe de poison, à la fois mortel et régénérateur, offerte à l’apôtre Jean n’est-elle pas le symbole de la fin et du renouvellement de notre année terrestre liée au mouvement apparent du soleil qui, au solstice d’hiver, termine sa descente sur l’horizon et reprend sa cours ascendante ?

Le saint Jean de Rumilly alias Jean Colet est l’un des rares à nous rappeler ce mythe.

 

Un autre Colet succède aux trois autres. C’est Martin qui est nommé dès 1533 à la cure de Rumilly. Il lui reviendra la tâche un peu ingrate de la surveillance des derniers travaux pour l’achèvement de l’église.

 

Quelques prédécesseurs.

Les curés qui ont précédé les Colet sont ceux qui officièrent à l’ancienne église, celle qui s’élevait dans la plaine, du côté de Chappes. Le chemin justement dit “de la Vieille église” en conserve le souvenir. Les cultivateurs en connaissaient autrefois l’emplacement exact ; ils affirmaient en effet que les pas de leurs chevaux résonnaient au-dessus des souterrains et des caves du village disparu.

Les noms des curés Nicolas et Baniard nous sont restés. Le premier donna, en 1283 une vigne au prieur de Fouchères. Le second est cité en 1361, en même temps curé de Rumilly et chanoine de Saint Étienne.

 

 

Retrouvez  le SAUSSINET

au Café-Restaurant du Manoir à Rumilly-lés-Vaudes

et  sur le site internet : http://jean.daunay.free.fr