Le Saussinet

n°35

Avril 2014

10260 - Rumilly-lés-Vaudes



Histoire de Rumilly...

 

Les curés de Rumilly, après les Colet ...

Les successeurs des Colet héritent donc d’une église toute neuve. Grandes en sont les dimensions ; énorme en est le prestige. L’héritage est flatteur mais la charge est lourde.
Claude Coyen ou Coyn signe les registres de l’état-civil de 1612 à 1615. Il décède en 1616.

On signale d’autre part un certain curé Payn. Est-ce le même  qui se plaint de certains de ses paroissiens ?  Il les traite de huguenots parce qu’“ils n’observent pas l’abstinence, travaillent les jours de fête et le dimanche et fréquentent aussi les tavernes”.
Sur les mêmes registres, la signature de Claude Coffinet marque la période de 1616 à 1648.
Jean Tallon, natif de Rumilly, décède le 19 juin 1694. Il paraphait les actes de baptème, mariages et sépultures depuis 1652. Il fut - nous apprend une note laissée par un curé qui lui a succédé -“regretté d’un chacun pour sa charité envers les pauvres, son amour pour ses parents et sa fidélité pour ses amis”. Il repose face au portail de l’église en compagnie d’autres prêtres, à l’endroit où se trouvait la grande croix, celle qui occupe actuellement la place d’honneur du nouveau cimetière.

Les Jansénistes.

Claude Noé Bailly succède à Claude Coffinet. C’est un adepte fervent d’une doctrine nouvelle : le jansénisme. Rigoureux avec lui-même comme avec ses paroissiens ; il aida de ses deniers à l’instruction des enfants pauvres et légua pour eux, avant de mourir, les revenus de plusieurs terres, d’un pré et d’une vigne.
Il désigna le prêtre qu’il voulait voir lui succéder et démissionna en sa faveur. La mort l’emporta en 1742. On l’enterra, lui aussi, devant l’église au pied de la croix ; il avait 85 ans.
Depuis le 11 décembre 1728, son vicaire Barthélémy Henrion assurait le ministère de la paroisse. Nommé officiellement par Jacques Bénigne Bossuet, il se réclame lui aussi de Jansénius.
Il continue l’oeuvre scolaire de son prédécesseur. Il crée une école de filles et la dote d’une rente qui pourvoira au traitement de la maîtresse d’école.
Sa rigueur implacable lui suscite quelques ennemis. En 1738, soixante quatre habitants déposent plainte contre lui, l’accusant de refuser les sacrements à la majorité d’entre eux. Il rétorque qu’ils n’en sont pas dignes. En revanche, ses autres paroissiens le respectent, le vénèrent et l’aident à repousser, en 1748, des missionnaires établis à Montceaux et envoyés tout exprès pour attaquer “ce bastion de l’hérésie” qu’était devenu notre village. Une plaque scellée au chevet de l’église, au-dessus de sa tombe, rappelle qu’il est décédé le 26 janvier 1779.
Un mois plus tard, le curé Navarre lui succède. Un inventaire révolutionnaire nous permet de connaître les ressources de ce prêtre. Elles sont évaluées à 1218 livres et comprenaient en particulier : le revenu de la ferme curiale louée 224 livres et les dîmes qui totalisaient 80 boisseaux de froment, 140 d’avoine, 3 muids de vin, du méteil, de l’orge, des pois, vesces et lentilles, de la navette et du chanvre, des agneaux, des oisons.
Savinien François Navarre restera curé de Rumilly jusqu’en 1791, secondé par Jean-Baptiste Chaurnaut (1781-1782), diacre et Goriot, prêtre (1789). Il prêtera le serment requis par la loi du 11 novembre 1791 “tel que sa conscience le permet” en proclamant publiquement “qu’il obéira à son roi pour le temporel tout en restant fidèle à sa foi”.


Armoirie de François de Montmorency,
abbé de Molesmes, mécène pour la
restauration de la verrière du coeur en
1634

La Révolution.

Des élections ont lieu à Bar-sur-Seine le 6 mai 1791, précédées de la messe du Saint-Esprit. Joseph Vincent Gabiot venant de Foix, y est élu curé de Rumilly et prête le serment exigé par la constitution civile du clergé.
Au village, le nouveau curé présente une lettre de l’évêque constitutionnel Augustin Sibille qui confirme sa nomination. Gabiot promet devant le maire et l’assemblée “de veiller avec soin sur le troupeau qui lui est confié”. Il jure aussi “soumission et fidélité à la Loy et au Roy”.
Son traitement est fixé à 1560 livres.
Le curé Navarre obtient qu’on lui alloue le secours de 500 livres accordé par l’assemblée nationale à tous les prêtres non titulaires d’une cure. Prêtre “non jureur”, il est bientôt considéré comme insoumis. Ses biens sont vendus.
On ne parle plus de lui qu’en le nommant “le cy devant curé”. Il semble qu’il trouve asile à la ferme de la Rocatelle où il peut célébrer la messe dans la chapelle de Madame Charpy, la propriétaire ; celle-ci n’a pas accepté le curé Gabiot qu’elle considère comme un intrus.
Le 7 décembre 1792, le maire confie officiellement les registres d’état-civil au “citoyen” Gabiot qui se retrouve greffier communal quand l’église est fermée au culte par décret du 20 brumaire an II.
De nouveau, Gabiot prête le serment exigé par la loi, le 17 vendémiaire an IV, à la suite d’une déclaration faite par la majorité des habitants de Rumilly qui réclament l’usage du “temple destiné au culte catholique”.
A la suite de l’incendie du 22 germinal an VI qui dévaste son église, il continue à assurer son ministère tant bien que mal dans une maison voisine épargnée par le feu. A la suite du Concordat, il sera déplacé et finira ses jours, curé de Javernant.

Au dix-neuvième siècle.

Le nouveau prêtre, Joseph Ravier, nommé à Rumilly en 1803, décède un an après son arrivée, le 25 nivôse an XII, à l’âge de 47 ans.
Jean-Baptiste Marinot le remplace jusqu’en 1812, date de son départ pour Clérey.
L’abbé Claude Cheurlin nous est envoyé peu après. Il exerce son ministère en notre village jusqu’en 1826, année pendant laquelle il tombe gravement malade, avant de mourir le 27 juin 1828.
Celui qui le remplace, Denis Degand restera curé de la paroisse jusqu’à sa mort, le 8 avril 1865. Sur la pierre tombale disparue lors du transfert du cimetière, on pouvait lire qu’il était "simple et droit de coeur",  émouvant hommage à un prêtre qui consacra à Rumilly une partie de sa vie. Le curé Hippolyte Meunier qui lui succède, connaît une époque faste, celle de la construction du nouveau presbytère et de la mise en place de trois cloches toutes neuves, celle aussi de la prospérité de la chapelle dédiée à sainte Geneviève, construite au-dessus d’une source miraculeuse auprès de la ferme de Chaussepierre. Les cérémonies religieuses sont nombreuses et régulièrement suivies. Les processions traversent régulièrement le village. La foi est vive.
L’abbé Meunier est nommé curé d’Essoyes en 1890. Le curé Payen prend sa place et ne nous quittera qu’en 1904 pour aller à Villemoyenne.
Plus près de nous, d’autres prêtres suivent : François Jacquinot 1904, Flamand en 1909, Charnot en 1911, Adnot en 1912.
A ceux-ci succèdent le curé Verrier, jusqu’en 1927 et le chanoine Jactat de 1929 à 1946, prêtres que nombre de Rumillons ont connus et estimés.
Avec eux disparaît la lignée des curés résidants. A compter de 1947, les prêtres qui desservent la paroisse occupent le presbytère de Fouchères. Ce sont respectivement le R.P. Bientz qui a été remplacé par le R.P. Dévaud, auxquels a succédé le R.P. Fages. Si le R.P. Dévaud eut la charge de l’organisation des cérémonies du quatrième centenaire de la mort de Jean Colet en 1952, s’il vit le transfert du cimetière, souhaitons que son successeur, après avoir constaté la mise en valeur de l’église par l’aménagement de la place qui l’entoure, puisse réaliser un projet qui, croyons-nous, lui tient à coeur : l’électrification des trois cloches bénies en 1887 par Mgr Cortet, évêque de Troyes.

Tiré de Rumilly lés Vaudes Histoire et Patrimoine de Jean Daunay, Édition J. Daunay octobre 2003



 

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et  sur le site internet : http://jean.daunay.free.fr