LE SAUSSINET

février 2012

n° 9

10260 Rumilly-lés-Vaudes

 

 

Les Templiers

    L’année 2012 sera, pour le département de l’Aube l’occasion de rappeler le souvenir des Templiers, un ordre de moines soldats qui, fondé à Jérusalem après la première Croisade en 1119 par Hugues de Payns, un Aubois, avec la bénédiction du pape, s’était donné pour mission de sécuriser le déplacement des pèlerins vers Jérusalem.

    Les Templiers ont acquis peu à peu, en France, des domaines, parfois peu importants mais qu’ils se sont employés à fédérer entre eux. Comme, à Rumilly, recevant du sire Chappes, le fief de Chaussepierre qu’ils ont uni à ce qu’ils possédaient déjà à Montceaux : Serres et l’Hôpiteau. Ils ont gagné petit à petit une certaine influence, la richesse même, ce qui ne sera pas sans inquiéter le roi Philippe IV le Bel. Et celui-ci n’aura de cesse de faire revenir le pape sur sa décision de les soutenir, pour enfin obtenir la dissolution et le procès de l’Ordre en 1312.

    1312-2012. Belle occasion pour l’Aube et Rumilly de se souvenir des Templiers.

Notre commune les a donc connus sur son territoire. Rappelons aussi que, chose curieuse, elle leur doit une partie de son nom… En 1308, se tenait à Tours une Consultation des « états » du royaume.
 Des « délégués » s’y devaient rendre « pour y entendre la volonté du roi ».

Le bailliage de Rumilly ne se sentait guère le courage d’affronter le souverain dans sa lutte contre le pape. Tant est-il qu’il délégua à Tours deux habitants…de “Vaudes”.

C’est cette année là que, pour que ne soient pas confondus les 22 Rumilly, Rémilly, Romilly de France, le nôtre a vu s’adjoindre un « sur Vaudes », un « lez Vaudes »,  aujourd’hui,  lès Vaudes.

 

  Empreinte d’un sceau trouvé près de Chausse- pierre, aux armes des sires de Chappes.

Compagnons du bel ouvrage

Quand un Compagnon, qu’il soit du « Devoir » ou d’une autre obédience, se présente devant le Manoir des Tourelles à Rumilly-lés-Vaudes, il sait de suite que des Confrères à lui y ont travaillé.
    Serait-ce ce « défaut » qui rompt l’harmonie des quatre colonnes de la façade sud qui le lui fait croire ? La rumeur, la légende a eu beau courir que le tailleur de pierre s’étant fâché avec le maître d’œuvre et que, pour montrer son mécontentement, il aurait inversé les spires supérieures de la colonne qui se trouve à l’est, il n’est guère pensable qu’au XVIème siècle, un Compagnon ait pu se permettre un tel manquement à la règle du travail exécuté avec art et conscience.
D’autant que de telles « erreurs », on en peut constater d’autres. A Bar-sur- Seine par exemple où, sur la balustrade qui surmonte l’entrée de la nef, l’un des médaillons LDB se présente, lui aussi, à l’envers. Et encore ailleurs,  pour peu qu’on veuille bien y regarder. (Voir : Jean Daunay Une si grossière erreur)
Comme au premier étage du Manoir sur cette taque de la cheminée d’Antoine II abbé de Molesme qui présente la croix double, armoiries des Compagnons fondeurs du Devoir. Ces premières plaques de cheminée étaient directement « dessinées » sur le sable, par empreintes successives, d’une simple corde pour les lignes, accompagnées de sceaux divers : fleur de lys, tête humaine ou autres éléments. La fonte, coulée sur ce moule ainsi armorié donnait une plaque unique. Pour en obtenir une autre, il suffisait d’aplanir le sable et de redessiner soit le motif précédent soit en changer.
    Sur cette plaque donc, une erreur que le dessinateur aurait pu, s’il l’avait voulu, facilement corriger avec une pincée de sable. Mais il s’en est bien gardé.
    Les Compagnons se sont d’une autre façon permis de témoigner leur présence dans la structure de notre Manoir. Au sous-sol ne sont point quatre souterrains comme l’affirme la légende mais trois caveaux, hommage aux trois pères fondateurs du compagnonnage : Salomon, Soubise et Maître Jacques. Au rez-de-chaussée, à l’extrémité de la poutre sculptée, un petit bonhomme assis, tire la queue du loup ; il s’agit du charpentier qui se moque ainsi du tailleur  de pierre
    Au premier étage un cul-de-lampe montre un renard tenant en sa gueule une poule ; « le renard prend ma poule » peut être interprété selon le langage des Compagnons comme : « celui qui n’est pas reconnu comme étant des nôtres m’enlève le travail qui devait m’être attribué ».
    Que dire de la clé de voûte de l’oratoire qui, percée, témoigne ainsi de l’union du ciel et de la terre ?

la plaque de cheminée

"le Renard prend ma poule"

La colonne inversée

en sous-sol

Clé de voûte de l'oratoire

 

 

le petit bonhomme tire la queue du loup

 

 

Une nouvelle association est née... Rumilly Histoire et Patrimoine

    Elle s’est donné pour but, à la suite de la rénovation de l’éclairage du retable de Jean Colet, sans oublier l’action de quelques conseillers municipaux pour installer des spots extérieurs en liaison avec l’éclairage public, dans cette même optique, avec tous ceux qui seront d’accord : « toute action qui tendra à faire de notre village un attrait touristique majeur dans le Département ».
  

 Parmi lesquelles actions en premier lieu :

    Mais toujours avec le but final de, répétons-le, faire de notre village un lieu touristique incontournable en notre département.

    Pour qu’une association vive, elle a besoin de membres qui, non seulement cotisent, mais surtout lui apportent le soutien moral qui, au-delà de nos murs, témoignera de la cohésion des Rumillons autour de leur patrimoine.

    Rappelons que Monsieur le Maire de Rumilly, la Présidente du Syndicat d’Initiative, le Prêtre affectataire de notre église, sont membres de droit de cette nouvelle association et, comme tels, invités à participer à ses travaux.

 

Comment écrire les expressions d’autrefois ?

Lu dans le bulletin 2011 de “Celles, histoire et patrimoine”, d’une cueu.ntone ayant participé en 1911 aux manifestations vigneronnes à Troyes et s’exprimant devant les chevaux de la Garde massés devant la Préfecture : « So gros un chevau. »

N’aurait-il pas fallu écrire : Ç’ot, qui signifie : c’est, gardant le t de la conjugaison.

Et supprimer le e de chevau que n’a certainement pas prononcé la manifestante en question ?

"Ç’ot gros un chvau !"

 

Autour du foyer était la vie.

Là était la source de la chaleur et aussi la clarté.

    C’était dans l’âtre que se préparaient les repas. On se réunissait à la veillée devant la cheminée. Devant les bûches plus ou moins enflammées se transmettaient les nouvelles, les légendes, les chants
ou, plus simplement, les nouvelles du jour
    A Rumilly, l’ouverture de la cheminée est pratiquement uniforme, large d’environ 1.80 m et 2 m, entre deux piliers hauts de quelque 1,60 m ; elle est profonde de 70 à 80 cm.
    Le feu est allumé au centre d’une plaque de fonte qui occupe presque toute la largeur et la profondeur de l’âtre et posée à plat, au niveau du carrelage de la pièce.
    Une autre plaque de fonte décorée en relief est scellée au mur, toute noircie par les flammes qui la lèchent. Devant elle, la crémaillère pend, toute simple le plus souvent, rarement à triple branche que l’on disait « à trois mains ».
    Les bûches sont posées sur deux chenets de fonte au corps triangulaire et à tête souvent bizarre, (souvent de chien, d’où le nom de chenet) On tisonne avec les pincettes ; on agite le soufflet ; une petite pelle aide à ramener les cendres et la braise qui risquent de s’échapper hors de l’âtre.
    C’est tout un art que de faire du feu. Il n’est pas besoin de changer constamment les bûches de place ; il suffit de savoir gratter le rondin de chêne qui charbonne sinon notre feu, si les flammes ne montent pas haut dans la cheminée,  peut être qualifié de « feu de femme veuve ».
    C’est sur le feu de l’âtre que se préparaient les repas, dans des chaudrons de fonte que l’on pendait à la crémaillère.
    On employait aussi des pots de terre que l’on gardait de longues heures au-devant de la braise rougeoyante, dans lesquels mijotaient la potée de « pois » , la daube ou le pot au feu.

à suivre..