Le Saussinet

n°49

Juillet 2015

10260 - Rumilly-lés-Vaudes

L'école à Rumilly

de 1660 à l’an 2000

4° partie

 

Pierre Sardin donne satisfaction aux habitants, aux fabriciens et au curé puisque le 23 novembre 1767, après 9 années de bons services, on l'assure “de faire pour lui des charrois de bois autant qu'il en aura besoin ainsi que les voyages de vendanges gratis”. (13) Satisfaction ou réponse aux plaintes de l'intéressé ? Ces mêmes habitants, assemblés à l'issue des vêpres, le 3 mars 1772 constatent que celui qu'ils considéraient comme un bon maître “a quitté son poste sans qu'il soit possible de savoir pour quel sujet”. (14)

Étienne Chaurneaut, son successeur, s'engage à tenir l'école gratuitement “les fêtes et dimanches, en faveur des domestiques et des pauvres qui ne peuvent y aller les jours de travail”. (14) Il s'oblige aussi à enseigner, toujours sans être rémunéré, “six pauvres enfants qui lui seront désignés par M. le curé”.

Du côté des filles.

Le 9 décembre 1773, Thomasse Le Gras dite soeur Benoît est inhumée dans le cimetière, en présence d'une très grande partie des habitants (15) “après s'être consacrée à l'éducation des filles de la paroisse et avoir rempli cette fonction pendant 34 ans avec autant de zèle que de désintéressement, ayant édifié toute la paroisse par ses bons exemple et la régularité de sa vie, âgée de 78 ans, trois mois et trois jours”.

Signent l'acte : Chaurneaut recteur d'école, Henrion curé et quelques habitants.

Marie Botton (16) prend la succession de soeur Benoît mais rien ne nous fait connaître dans quelles conditions elle exerce ses fonctions d'éducation des filles de Rumilly. Ce qui est certain c'est que les attributions du maître des garçons dépassent largement le cadre de l'école et, pour cela, méritent plus de considération. La preuve en est une délibération du conseil de fabrique du 30 mai 1781 ; ce dernier reconnaît que les droits attribués au maître d'école pour ses fonctions à l'église sont trop modiques “et qu'en conséquence, on lui allouera dorénavant 18 livres annuellement”.(17)

Mais l'éducation des filles est un gros souci pour le curé Henrion ; il le restera jusqu'à sa mort, le 26 janvier 1779. En témoignera cette lettre du curé Navarre, datée du 25 avril 1788, adressée à l'abbé Félix, chanoine de l'église de Troyes et syndic de l'assemblée d'élection, dans laquelle il précisera “qu'il existe deux écoles à Rumilly, l'une pour les garçons, l'autre pour les filles avec un traitement meilleur pour la maîtresse grâce à la libéralité de son prédécesseur, un legs géré par M. Lerouge exécuteur testamentaire de celui-ci”.(18)

En témoigne encore, en juin 1789, (19) le don de Mgr Champion de Ficé, évêque d'Auxerre, abbé de Molesme. Il offre 100 pistoles pour une rente annuelle de 50 francs afin d'assurer à perpétuité le revenu fixe de la soeur d'école parce que, précise-t-il, “nous avons jeté les yeux sur l'école de filles dudit Rumilly, école gratuite par les libéralités de défunt Messire René Barthélémy Henrion, prêtre curé de cette paroisse. "Nous avons considéré que cet établissement, purement laïc, n'était revêtu d'aucune formalité qui puisse le rendre stable et que les revenus affectés aux gages de la soeur d'école dépendaient uniquement de la bonne volonté du sieur Lerouge, héritier dudit sieur Henrion”.

 

Le théâtre dans la salle du premier étage, au manoir

La Révolution.

La grande Révolution apporte le bouleversement que l'on sait. Étienne Chaurneaut continue à exercer à Rumilly jusqu'en ventôse de l'an II (il a alors 64 ans). François Lemaire lui succède avant d'être remplacé, en l'an VI, par Georges Collet.

L'école des filles échoit à Victoire Andras. “Le 9 ventôse an second (28 février 1794), par devant nous maire, officiers municipaux, le conseil général étant assemblé, la citoyenne Rose Andras ci-devant religieuse de la Visitation d'Alençon, résidant depuis un an dans (notre) commune, nous a dit vouloir prêter le serment requis par la loi. En conséquence elle a juré l'unité et l'indivisibilité de la République française, de vivre ou mourir en la défendant. (20)

Et ont signé avec nous : Vuibert maire, Tallon agent…

En conséquence de quoi, le 27 floréal de l'an II, (17 mai 1794) (21) Rose Victoire Andras “a été unanimement élue et proclamée institutrice pour entrer de suite en fonction”.

Certificat d'étude primaire de 1889


Notes :

13 -Reg. fabr. p. 119

14 - Reg. fab.

15 - Reg. paroissial.

16 - Reg. paroiss. 6 août 1773. …demoiselle Marie Botton… maîtresse d'école de cette paroisse.

17 - Reg. fab.

18 - Bibliothèque de Troyes, ms. 3089.

19 - Reg. fab. 20 juin 1789.

20 - Registre des délibérations du Conseil municipal.

21 - Conseil. municipal.


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