Le Saussinet

50

Août 2015

10260 - Rumilly-lés-Vaudes

 

L'école à Rumilly

de 1660 à l’an 2000

5° partie

La construction du nouveau groupe scolaire (1955/56)

 

 

On élit de même François Lemaire. Deux candidats se présentent devant le conseil général, ledit Lemaire et Barnabé Dutertre, le 30 thermidor an II (18 août 1794). Le premier obtient “la majorité des voix” et devient le premier, en notre commune, à qui est donné le titre d'instituteur. (22) Il n'exerce pas de suite dans l'école construite en 1749 car, pour loger 7 déserteurs “on choisit la maison ci-devant l'école de garçons… autant qu'ils seront dans la commune.” (23) Heureusement, on trouve pour eux un autre asile et le conseil “accorde cette maison au citoyen l'instituteur contre la somme de 25 livres, à condition de conduire le reloge, sonner l'angélus et se charger des réparations locatives suivant la coutume.” (24)

En l'an III, la nomination des instituteurs n'est plus dans les attributions des personnalités communales ainsi qu'en témoignent deux modèles de lettres adressés l'un au titulaire du poste, l'autre aux édiles de la commune d'accueil. (25)

“Aux instituteurs.

Tu trouveras ci-joint, Citoyen, copie :

1° de l'arrêté du Jury d'instruction qui te nomme à la place d'instituteur pour la commune de…

2° et de l'arrêté du Directoire qui confirme ta nomination. Tu voudras bien te présenter à la municipalité… qui t'installera”.

Aux municipalités où réside l'instituteur on demandait de “bien vouloir installer ce Citoyen quand il se présenterait.”

Comme François Lemaire est déjà en place à Rumilly, les Rumillons ne s'étonnent pas trop de ce déplacement de leurs prérogatives qui, de communales qu'elles étaient, sont attribuées à un quelconque Jury.

Pas comme les habitants de Celles qui tiennent “à choisir leur instituteur à leur gré”.(25) Ce qui n'empêche pas qu'on garde l'oeil sur ce maître quand il n'a plus l'heur de plaire. Le 14 germinal an IV (4 mars 1796) “il est d'une unanime voix (au conseil général) qu'au lieu du citoyen Lemaire, qu'il sera fait choix d'un Citoyen qui soit dans le cas d'instruire la jeunesse, lequel sera logé dans le local où réside ledit Maire”. (26)

Il faut attendre presque deux ans pour qu'on s'aperçoive que l'instituteur qui avait pourtant été accepté à l'unanimité, n'est pas capable de faire correctement l'école. A vrai dire, on peut penser que c'est parce qu'il se plaint trop fort que son logement, et que la maison d'école, sont en mauvais état, (27)  qu'on tente de s'en débarrasser, pour d'autres raisons ou bien parce que la commune va être obligée de le rémunérer.

En effet, on note déjà sur le registre des délibérations, au canton de Chappes, le 11 ventôse an IV (2 mars 1796) : (28) “Considérant combien l'instruction publique devient salutaire, il paraît convenable d'autoriser les communes de se choisir chacune un instituteur, à le faire recevoir par le Jury d'Instruction et de le salarier selon le nombre de jeunes gens qu'il aura à instruire”.

A Rumilly, 2 écoles comptent 50 garçons et 40 filles. On indique, le même jour, qu'à Rumilly, il existe deux maisons destinées à loger un instituteur et une institutrice, celle des filles louée l'an dernier ; le citoyen François Maire et Rose Andras sont tous deux en activité et service.

Bien que 47 habitants se groupent pour réclamer le départ de Lemaire, celui-ci s'incruste pour garder ses 42 élèves. Un concurrent se présente en brumaire an VI (octobre 1797) : Georges Collet, originaire de Rumilly mais qui exerce à Fresnoy. Le Jury d'Instruction admet que le titulaire est “hors d'état de remplir ses fonctions”, il est d'avis “que ledit Georges Ambroise Collet soit reçu instituteur pour la commune de Rumilly”. (29)

Encore faut-il pouvoir installer ce nouveau maître dans un local dans lequel il puisse loger et faire classe et Lemaire ne quitte pas la maison dans laquelle on l'a autrefois installé. Les habitants doivent provoquer son expulsion par la voie juridique et Georges Collet, peut réintégrer sa commune d'origine.

Tant pour le service de l'école que pour celui de l'école, ses services sont tarifés, à 15 sols pour les enfants de 1ère classe, 10 sols pour ceux de seconde et 6 sols pour les petits de 3ème. On lui promet, pour les mariages 2 livres 10 sols, même somme pour les enterrements et vigiles, 30 sols pour un service avec la messe. Chaque manouvrier lui paiera 25 sols par an, une femme veuve 15 sols et les laboureurs selon l'importance de leur bien fourniront, pour une charrue un boisseau de froment l'an, pour une charrue et demie un boisseau et demi, pour deux charrues deux boisseaux. Il gardera la charge de l'horloge du campanile, il aura toujours “le soin des ornements et du linge de la sacristie comme l'ont fait ses devanciers”. Il fera l'école du 1er octobre au 1er juin. (26)

Rien n'a donc fondamentalement changé depuis que l'école existe à Rumilly.

Dans la lignée des instituteurs précédents.

A Georges Collet, décédé en 1806, succède Edme Théroine, jusqu'en 1816 puis Hubert Berthin (1818-1831). L'école des filles des curés Bailly et Henrion disparaît avec le siècle qui commence. (30) Edme Théroine accepte le poste d'instituteur. Les conditions définies par la délibération du conseil municipal du 5 octobre 1806 (31) restent sensiblement les mêmes que celles qu'ont connues ses prédécesseurs.

Il doit encore sonner l'angélus, prendre soin des linges de l'église, garnir les autels en temps utile, ôter les neiges de dessus les voûtes et aussi… assurer la conduite de sa classe puisqu'il s'engage notamment à accepter gratuitement les enfants (pauvres) de la donation Bailly contre la jouissance d'une terre et d'une vigne.


Notes :

22 - C.M., p. 77.

23 - C.M., p.78.

24 - C.M. 10 frimaire an II.

25 - Arch. dép. Aube. Lg 4 30.

26 - C.M., p. 107.

 

27 - Registre des délibérations de Chappes, p. 34 v° 1er frimaire. an V.

28 - Reg. Chappes, p. 15.

29 - Reg. Chappes., p. 93.

30 - Rapport du curé Meunier. 1895. Archives de l'évêché

31 - C.M., p. 124

 


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