Le Saussinet

52

Octobre 2015

10260 - Rumilly-lés-Vaudes

L'école à Rumilly

de 1660 à l’an 2000

7° partie

 

 

En 1844, cette mairie-école de garçons est occupée par Edme François Noble qui a présenté le brevet de capacité du 2ème degré qu'il a obtenu le 29 août 1840 ainsi qu'un certificat de moralité délivré par le maire de Beauvoir. Il ne quittera le village qu'en 1878, après donc 34 ans au service de la commune de Rumilly et de son école.

Est-il exempt d'impôt et de corvées comme l'étaient ses prédécesseurs ? On sait que, pour lui comme pour le curé desservant et les soeurs institutrices, les portions (parts d'affouage) sont délivrées “gratuitement et sans frais.” (44)

En 1865, le curé Meunier note que l'école des filles a disparu à la fin du siècle. Il constate que “depuis 1793, le desservant n'a eu d'autre asile que l'humble maison laissée par M. Henrion curé dudit lieu et que ce fut cette nécessité de s'en servir comme cure qui a retardé l'établissement des soeurs jusqu'en 1855.” (45)

Le conseil accepte, en mai 1852, une offre de M. Babeau, héritier du curé Henrion qui consiste en une donation de 1500 F “à charge, par les soeurs de la Providence d'établir et d'entretenir à perpétuité dans la commune, deux soeurs de leur ordre qui seront tenues d'ouvrir une école pour les jeunes filles.” (46)

Il accepte de même la donation de M. l'abbé Sercey, chanoine de la cathédrale de Troyes qui tient “à s'associer à l'acte de bienfaisance de M.Babeau et apporte “sous les mêmes conditions, aux soeurs de la Providence, une maison qui lui appartient à Rumilly et un enclos en dépendant.” (47)

Dans son rapport, l'abbé Meunier déplore “le départ d'enfants très jeunes qui, dès l'âge de 7 ans, s'en vont en condition pour la plus grande partie de l'année comme gardeurs d'oies ou de vaches”. Il s'inquiète “qu'à Rumilly, on trouve des jeunes gens qui ne savent même pas lire et qu'on peut en compter au moins 20 qui n'ont jamais été, ni à l'école ni au catéchisme, ni à confesse.”

Excepté le dimanche, le catéchisme s'enseigne en classe. C'est paraît-il “moins dangereux pour les enfants que de le faire dans une église ouverte à tous les vents.” Il est vrai que celle-ci souffre toujours des blessures de l'incendie qui en a ravagé la charpente et la toiture, le 22 germinal de l'an II (11 avril 1798).

Pendant que semble se dérouler cahin-caha, l'éducation des garçons, la conduite de l'école des filles donne lieu à contestations et querelles. Le conseil, en 1872, se fâche : “la commune s'impose des sacrifices et elle demande une institutrice capable de s'attirer la confiance des enfants et des familles tout à la fois” et il enjoint à la soeur enseignante d'apprendre à ses élèves “tout ce qu'elles ont besoin de savoir, talents d'aiguilles et autres, pour devenir aptes dans un ménage. Après la religion, précise-t-on, tout cela fait partie de l'éducation générale des femmes”. (48) Ah mais !

Celle qui est ainsi visée est la soeur Dosithée Herbert, en place depuis le 28 décembre 1872. Le supérieur de la congrégation réagit ; il s'estime vexé qu'on puisse mettre en doute les capacités d'une de ses soeurs et accuse les pères de famille qui n'envoient pas leurs filles à l'école. Il n'admet pas qu'on contrôle celle qu'il a nommée pour exercer à Rumilly. (48)

En 1874, cependant, la soeur Dosithée est appelée ailleurs. Sa remplaçante écrit :

Monsieur le maire,

J'ai l'honneur de vous déclarer conformément à la loi du 15 mars 1850, que je me propose de prendre la direction de l'école des filles de cette commune.

Soeur Michel née Eugénie Moreau le 13 août 1830 à Mussy. (49)

En décembre 1876, elle est remplacée par Marie Joséphine Rue (soeur Émilien) (50) qui, elle aussi et curieusement, a masculinisé son nom en religion.

Le maître voit s'affiner, se stabiliser sa rémunération. En 1873, elle est ainsi calculée :

“revenu ordinaire 189.54

trois centimes 409.96

produits présumés de la rétribution scolaire 300.50

soit 900 00 F”. (51)

cette rétribution est ainsi fixée : enfants de moins de 7 ans, 10 F, 7 ans et au-dessus, 12 F, avec en plus, pour le cours d'adultes, mentionné pour la première fois, 55 F. (52)

Les lois laïques.

En 1878, Jean Bertrand remplace Edme Noble. (53) C'est lui qui voit s'installer à Rumilly, l'école laïque et qui, le premier, reçoit un traitement global de 1100 F qui ne variera pas notamment en fonction de la contribution des familles et du revenu de la fondation Bailly laquelle a été, il faut le rappeler à l'origine de l'école à Rumilly.

Le 8 mai 1881, le conseil décide que l'école des filles sera gratuite, (54) comme l'est celle des garçons. C'est la commune qui paiera 180 F pour les filles aisées ajoutés aux 200 F qu'elle verse déjà pour les pauvres. Mais le conseil départemental de l'instruction publique retire, en décembre de cette année 1881, la dispense d'entretenir une école de filles (55) et cette décision oblige à ce  qu'une école publique de filles soit créée parallèlement à celle des garçons. Les soeurs continuent cependant à enseigner à 35 fillettes, sans subvention municipale.


32 - C.M. 28 nov. 1816.

33 - C.M., p. 51. 15 août 1817.

34 - État civil 1809. Naissance de son fils.

35 - C.M., 2 mai 1831.

36 - C.M

37 - C.M. 7 avril 1834.

38 - C.M. 10 août 1833

39 - C.M.

40 - C.M. 6 juin 1836

41 - C.M. 19 sept. 1837

42 C.M. 3 oct. 1841

43 - CM., p. 116. Avec des portes en chêne.


Litre et bénitier de Jean Colet

En l'église de Chappes apparaît sur les murs de l'édifice une bande noire dite "de sable" en héraldique, sur laquellle on peut deviner les armoiries des seigneurs qui ont contribué, sinon à sa construction, du moins à sa rénovation.

A Rumilly rien de semblable à moins de remarquer sous le socle de chaque apôtre des piliers ainsi qu'au niveau du Christ du portail, les armes de Jean Colet : d'or au chevron d'azur chargé en chef d'une étoile aussi d'or, accompagné de trois oeillets de gueules tigés et feuillés de sinople.en petit format, ceintes d'une bande noire. Ces écussons forment ainsi, comme en l'église de Chappes mais bien plus discrète, une "litre" qui, après le décès de notre curé bâtisseur a été peinte pour appeler à son souvenir.

Un tridacne c'est le bénitier coquille qui, dans la chapelle Saint-Jean rappelle que le presbytère était situé au chevet de l'église ainsi que l'indiquent deux portes, l'une aujourd'hui condamnée qui ouvre sur l'église, l'autre autrefois percée dans le mur mitoyen qui sépare les deux édifices.

Ce tridacne ou plus simplement bénitier , rapporté des mers chaudes, était réservé uniquement à Jean Colet qui, de la demeure qu'il occupait au nord de l'église, pouvait y entrer directement sans en emprunter le portail principal.


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