Le Saussinet

57

Mars 2016

10260 - Rumilly-lés-Vaudes

 

Pourquoi trois ? (partie 2)

 

En la cave du manoir, le boyau dont nous connaissons l’entrée débouche en une tourelle ronde faite des fondations de la tour qui s’élève à l’extérieur. Ici comme en la crypte de l’église, rien ne peut faire penser qu’une ouverture aurait pu être percée, qui la prolongerait hors de l’édifice.

Ceci dûment constaté, il est alors difficile d’accepter cette croyance en l’existence de quatre souterrains. D’autant plus - et c’est là le plus curieux - qu’on ne compte que trois boyaux en cette cave, qui conduisent tous vers trois caveaux circulaires. Trois et non quatre comme le dit la légende et comme la logique semble le demander puisque, en élévation, il existe quatre tourelles rondes, une à chaque angle du manoir.

L’entrée d’un souterrain ?

 

Plan du rez-de-chaussée du manoir des Tourelles

 

 

D’où la question. Pourquoi trois ?

 

Le chiffre trois.

Souvent le chiffre trois prend une signification, sinon ésotérique, tout au moins très caractéristique.

C’est ainsi qu’à Rumilly, en 1756, lors de l’établissement d’une école de filles, trois responsables sont désignés pour assurer la pérennité de l’institution : “et en cas de mort de l’un des trois, les deux autres choisiront pour le remplacer, un troisième d’égale probité”. Et le texte insiste : “... en sorte qu’ils soient toujours trois.”

Dans ce cas précis, le chiffre trois est toujours gage de sécurité, de stabilité. Il souligne de nette façon que le présent doit survivre au passé et qu’en même temps il doit assurer l’avenir.

Pour assurer de même façon la continuité dans l’action, les coffres de nos églises destinés à garder les livres de comptes et le “trésor” de la fabrique, étaient à trois serrures. Il existe encore un tel meuble à Thieffrain, muni d’une fente à la manière d’un tronc. Ce coffre pouvait donc recevoir, sans que pour autant on puisse y prendre, sans le triple accord des trois possesseurs de clés

Marcelle Richard, dans son ouvrage Mythologie du pays de Langres cite, dans de nombreux cas, la curieuse présence du chiffre trois. Celui des trijumeaux de saint-Geosmes dont reste, entre autres, une croix de pierre qui en porte la triple effigie. Elle évoque aussi le tricéphale, une tête aux trois visages, exposé au musée de Langres.

Au sujet de ce dernier, notre auteur en dit qu’il est : “l’une des expressions ternaires qui jouaient un rôle prépondérant dans la religion et l’art celtiques”.

Marcelle Richard conte aussi la légende des fées de Vroncourt qui hantaient autrefois la source de la fontaine aux Dames.

“Trois pâles lavandières gémissantes ;

L’une sanglote les jours passés,

L’autre ceux d’aujourd’hui,

La troisième, ceux de demain.”

Que voulaient donc ces fées ? Celle qui avait le souci d’hier, l’autre qui s’inquiétait du jour même et la dernière qui appréhendait le lendemain ?

Ces soucis, ces inquiétudes, ces appréhensions ne seraient-ils pas les mêmes qu’ont eues les fondateurs de l’école des filles de Rumilly

Hier, aujourd'hui, demain, trois moments qui symbolisent la pérennité donc la vie.

Plus proches de nous, les exemples ne manquent pas de cette omniprésence du chiffre trois. J’ai cité dans la revue Folklore de Champagne, la légende de sainte Béline de Landreville. On a dit que seuls les coeurs purs pouvaient apercevoir sur une pierre, dans le fond de la source dédiée à la sainte, trois gouttes du sang de la martyre. J’ajoutais que le nom de Béline évoquait étonnamment l’ancien dieu solaire Bélénus.

(Vous pourrez lire la suite dans le numéro 58 du Saussinet. Pensez à donner votre adresse mail à visite.rumilly@gmail.com   Vous recevrez directement le Saussinet dans votre boîte mail ainsi que les informations de Rumilly, Histoire et Patrimoine)


Le S des deux Sèvres

Il paraît que la Réforme de l’Orthographe est de nouveau à l’ordre du jour. N’oublions pas que le département de l’Aube a déjà fait la sienne en supprimant le S terminal pour la Côte des BAR..., malgré l’exemple d’Axel Kahn, membre de l’Académie Goncourt et George Duby membre de l’Académie Française, qui ont gardé dans leurs oeuvres, le S terminal, respectant ainsi la règle de l’orthographe actuelle, une règle que l’on peut consulter dans tout dictionnaire.

Avant peut-être de supprimer ce même S que gardent encore, peut-être pour peu de temps, nos trois RiceyS


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au Café-Restaurant du Manoir à Rumilly-lés-Vaudes