Le Saussinet n°58

Avril 2016

10260 - Rumilly-lés-Vaudes

 

Pourquoi trois ? (3° partie)

 

Au rythme du soleil.

Notre soleil connaît trois moments forts. Absent toute la nuit, il se montre à nous le matin. A midi il il est au mieux de sa forme.

Nous le voyons disparaître chaque soir avec l’espoir de le retrouver le lendemain. Il est impossible de ne pas tenir compte de ces trois phases de la course du soleil dans notre désir de comprendre le pourquoi des trois caveaux du manoir de Rumilly.

Le légendaire chrétien n’échappe pas à cette insistance du chiffre trois.

Saint Nicolas est le plus souvent représenté avec un saloir d’où émergent trois enfants ; (en fait un navire sur lequel naviguaient trois marins qui furent sauvés par le saint).

La tour dans laquelle fut enfermée sainte Barbe est parfois ornée de trois clochetons quand elle ne comporte pas trois fenêtres.

Il n’est pas jusqu’aux éléments architecturaux de la plupart de nos églises qui ne jouent avec ce chiffre. Madame Beau, dans son Architecture des églises de l’Aube, écrit : “Les parois orientales s’ajourent fréquemment de triplets en groupe de trois fenêtres cintrées ou légèrement brisées dont la (baie) centrale est souvent plus haute que les (ouvertures) latérales”.

Elle insiste en parlant des “trois niches que l’on peut rencontrer dans certains tympans au-dessus du portail, les niches centrales partant plus bas et étant plus élevées”.

Ces trois éléments, dont le médian semble avoir été privilégié par rapports aux deux autres, rappellent les trois moments qu’ont souligné les fées de Vroncourt, trois moments que sonne aussi l’angélus du clocher : le matin, à midi et le soir, trois moments dont les chrétiens rappellent qu’ils symbolisent le mystère de la Trinité.

Un mystère que magnifie la croix du Christ. L’abbé Jean Durand, dans son ouvrage sur Les croix de chemins, en dit qu’elles sont “des doigts de fer levés vers le ciel”.

Trois doigts évidemment, les trois doigts de la croix. Il cite encore une inscription gravée sur un socle de pierre à Noé-les-Mallets :

“Sous l’arbre trinitaire

Planté sur ton chemin

Passant, une prière

A notre maître divin.”

Quand, d’autre part, je contemple le panneau central du retable de Rumilly qui représente le Christ en croix, souvent je pense à ce qu’étant enfant, j’entendais de mon curé : “A la droite du Seigneur est le bon larron qui lève vers lui son regard. A sa gauche, le mauvais larron détourne la tête et son regard plonge vers les ténèbres”.

Dans cette scène du calvaire, le Christ est naturellement le personnage principal. Il domine les deux autres condamnés. Et ces regards des larrons, l’un montant, l’autre descendant, ne donnent-ils pas l’impression d’un mouvement semi-circulaire qui, partant de la gauche s’élève droit devant pour redescendre à notre droite ? A n’en point douter c’est, là encore, une allusion majeure au cycle apparent du soleil qui pointe à l’est le matin, s’élève au zénith à midi et descend mourir à l’ouest. Il est évident que la religion nouvelle n’a pu totalement s’affranchir des croyances anciennes et du poids qui devait être énorme, d’une tradition ancestrale, une tradition déjà reprise par les Celtes en particulier.

La religion nouvelle a dû accepter d’intégrer le symbolisme de certains rites venus des temps anciens et, en particulier ce symbole de la course diurne du soleil : son apparition, son apogée et sa disparition.

 

 

 

 


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au Café-Restaurant du Manoir à Rumilly-lés-Vaudes