Le Saussinet n°66

Janvier 2017

10260 - Rumilly-lés-Vaudes

Chaussepierre, les templiers et la sainte (Partie 2)

 

 

Seigneurs de Chaussepierre.

Après le procès intenté par le roi Philippe IV le Bel qui amena la disparition de l’Ordre, le domaine passe aux mains de seigneurs dont nous ne connaissons pas tous les noms.

En 1249 et 1252, déjà, concurremment avec les Templiers, on notait la présence à Chaussepierre de Gui, sire de Chamblin (A. Roserot. Dictionnaire de la Champagne méridionale, p. 364.). Deux ans après c’est Rivet qu’on y trouve et qui porte “d’azur à l’ancre double d’argent, renversée et cantonnée de quatre étoiles d’or, soutenue d’une grappe de raisin de sable, feuillé d’or.” (Le Clert. Armorial...)

Au XVIème siècle, la famille de Vittel occupe les lieux. Un écusson gravé sur le vieux puits, qui présente une tête de bélier avec trois étoiles rangées en chef leur appartiendrait-il ? (R. Hennequin. Choses et gens d’autrefois)

 

Les Coqueley.

bancs des Coqueley à Bar-sur-Seine

On signale Jean Gressin en 1649, avant qu’arrivent les Coqueley, tout droit de Bar-sur-Seine (R. Hennequin. Choses et gens d’autrefois). Le grand-père Claude était originaire de cette ville et son fils Denis ajoute à son nom patronymique la mention d’un domaine dont il avait probablement acquis la part principale.

Denis Coqueley, né en 1683, exerça à Bar-sur-Seine les fonctions de lieutenant général et criminel du comté. En l’église Saint-Étienne de Bar, la pierre tombale du caveau de famille nous apprend que son caractère orgueilleux mais vif et droit lui valut des ennemis (P. Dautriat. Au sujet d’une inscription funéraire) ; il mourut en 1749 à l’âge de 65 ans.

Son fils, Claude Geneviève Coqueley, s’était marié en 1741 avec Marie Rivet, (peut-être une descendante des anciens propriétaires). Il était avocat à Paris où il résidait. On lui accordait quelque notoriété et on le disait facétieux ; il était affligé d’un défaut de parole qui l’obligeait à scander les syllabes des mots et, un jour qu’il saluait une personne honorable d’un “Bon-jour Mon-sieur Lin-gu-et” ce dernier lui répondit “Bon-jour- Mon-sieur Co-cu-é-ley”.

Le chroniqueur ajoute que, cette fois, la conversation n’alla pas plus loin. On décrit ainsi les armes de la famille : (Le Clert. Armorial... (521)) “écartelé aux 1 et 4 de sable à la croix d’argent qui est Coqueley, aux 2 et 3 d’azur au chevron d’or, accompagné de trois besants d’argent qui est Tartel”. (Épouse de Claude, le grand-père).

Au dessus de la source, une statue en plâtre

La Révolution

Claude Geneviève Coqueley meurt en 1789. Ce n’est certainement pas lui ce seigneur de Chaussepierre dont on a prétendument promené la tête au bout d’une pique lors de la période révolutionnaire.

Nous ne savons comment cette légende a pu naître.

Nous ne savons rien non plus de celle qui affirme qu’un manuscrit existe dans les archives de la mairie qui indiquerait l’endroit exact où fut enterré le trésor d’un autre (?) cy-devant propriétaire de Chaussepierre ; une fortune toute de pièces d’or qui aurait été cachée à la même époque au pied d’une borne du haut de laquelle on peut apercevoir cinq clochers.

Dix-neuvième siècle.

En 1798, Mitantier occupe, à Chaussepierre, une maison de douze portes et fenêtres (Archives municipales; État de section). Huit ans plus tard, les bancs de la chapelle sainte-Brigitte de l’église de Rumilly sont réservés pour Monsieur Blavoyer son successeur (Registre de fabrique. Ce même registre signale, en 1837, deux co-priétaires : Thibesart et Maureau.). Ce sont Jules Blavoyer et son épouse Blanche Lhuillier qui seront parrain et marraine de l’une des cloches bénies en 1887
(
J. Daunay. Rumilly-lés-Vaudes. Histoire de mon village.) et c’est un Blavoyer qui vendra la ferme en 1911 à Monsieur Auguste Thorey, propriétaire à Cères, commune de Montceaux.

Entre temps, Chaussepierre avait reçu la mitraille cosaque en 1814 et ses arbres en ont longtemps gardé le souvenir, à tel point qu’aucune scierie n’en a jamais voulu de peur que ses lames ne soient rendues inutilisables par les éclats qu’elles risquaient d’y rencontrer. En 1870, Madame Juvenelle, qui avait alors 4 ans et que sa mère avait juchée sur un poulailler, vit de Chaussepierre, les Prussiens entrer dans le village de Rumilly.

 


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