Le Saussinet n°69

Avril 2017

10260 - Rumilly-lés-Vaudes

Les Goncourt

à

Rumilly lés Vaudes

2°partie

 

1791-1902

En 1791, le manoir “cy-devant maison seigneuriale de Rumilly, grange, écuries et autres bâtiments, jardin et dépendances, le tout entouré de murs, la grange au devant de l’auditoire, la maison cy-devant auditoire, (là où on rendait la justice) petit jardin à côté, au levant, et environ un arpent de terrain, le moulin à eau, une écurie, roise, (pour le chanvre) saussaie, (pour l’osier), preys et terres labourables” sont déclarés : biens nationaux.

Plusieurs candidats se présentent à l’adjudication ouverte le 21 février 1791 parmi lesquels on trouve Nicolas François Labille “procureur au cy-devant parlement de Paris”  (Arch. dép. Aube AA 1Q n°47).  Le quarante-quatrième feu allumé s’étant éteint sans enchères, le manoir lui est adjugé pour 150 200 livres.

(12% comptant, le surplus en 12 annuités augmentée des intérêts à 5% Qui seront payés en assignats. C’est dire si l’affaire était bonne)

Propriété de la famille Labille, la maison seigneuriale le restera jusqu’en 1902, année au cours de laquelle elle sera acquise par la commune de Rumilly pour en faire la mairie (au premier étage) et l’école de garçons.

Au XVIIIème siècle

Mais tout cela était hier et je veux conter aujourd’hui” est-il écrit dans la nouvelle qui nous occupe. Je dirai, moi ; “Mais tout cela est aujourd’hui, ou presque, et je tiens à conter hier.”

Sans perdre la splendide élégance qui toujours fut sienne, le manoir a vu ternir quelque peu son éclat, après la mort de Pierre Pion, ne serait-ce que par le peu de soins qu’on dut apporter à son entretien et à son environnement et par le fait aussi qu’il ne fit probablement qu’abriter dans ses dépendances le fermier des Labille.

Par le fait aussi que ces derniers ne s’inquiétèrent guère du caractère historique de leur demeure.

Fort heureusement, Charles Fichot, (Ch. Fichot. Album pittoresque et monumental de l’Aube. 1842) dans les années 1850, sut fixer de son étonnante plume en même temps la grandeur et le relatif abandon d’un monument dont il avait saisi l’importance.

Non loin de là, en direction de Saint-Parres, s’élevait la Grange aux Dîmes, là où les moines, autrefois, engrangeaient la part qu’ils prenaient des récoltes, en des bâtiments aujourd’hui rénovés mais qui restent le siège de l’une des plus importantes exploitations agricoles du village

Le propriétaire de ce domaine, en 1850, était François Henrys, (son nom figure sur le cadastre en compagnie de celui de César Auguste Labille de Bar-sur-Seine, père de Léonidas) inspecteur des Eaux et forêts à Neufchâteau.(On donnera au GAEC actuel qui exploite le domaine, le nom d’Henry’s Ville, un génitif anglo-saxon pour le moins curieux mais qui a le mérite de rappeler que cette famille est entrée dans la petite histoire de Rumilly.)

Pierre Antoine Victor Huot épouse Virginie Henrys. De cette union naîtra Bathilde Augusta qui épousera Léonidas Labille.

Du mariage de Marc-Pierre Huot et Annette Guérin naîtront Edmond et Jules. (Françoise Weinling. Généalogie des Goncourt)

Proches par la terre et leurs propriétés, les Henrys-Huot-Labille étaient donc, de plus, unis par leurs mariages.

Nos écrivains devenaient ainsi les parents des Labille domiciliés à cette époque, à Bar-sur-Seine.

Les maires de Rumilly.

Venant à Bar, chez leurs cousins, tout naturellement, Edmond et Jules Huot, eurent à connaître Rumilly et son manoir, propriété du cousin Léonidas, l'église Saint-Martin, la Grange aux Dîmes et aussi la Rocatelle où ils surent qu’avaient vécus les Labille en seigneurs souverains.

Peut-être connurent-ils le maire de Rumilly, Victor Paillot de Montabert, au château de la Motte, Victor Paillot et aussi, son prédécesseur et successeur à la mairie, Pierre Antoine Recoing de la Rocatelle.

Ce qui est certain c’est qu’il est né de leur plume acerbe un vivant tableau du village de Rumilly, un conte dans lequel ils ont repris - comme ils le disent d’ailleurs, les chroniques tirées des historiens locaux et que naquit cette nouvelle pour laquelle ils ont magnifiquement mis en scène, et dans le détail, nos deux exceptionnels monuments : le manoir et l’église.

Piscine de La Chapelle

 


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au Café-Restaurant du Manoir à Rumilly-lés-Vaudes