Le Saussinet n°82

Mai 2018

10260 - Rumilly-lés-Vaudes

Le château de la Motte

Partie III

 

 

De mains en mains

Pierre (Louis le Clert. Courcelles-lès-Clérey. 27-1-1641) fils d’Étienne, hérite de son père, en particulier du château et du titre de seigneur de La Motte-Rumilly.

Ses deux soeurs partagent avec lui , et le domaine et les charges dont il est grevé : Charlotte ( A Roserot. op. cit.), qui épouse Antoine d’Argillières seigneur de la Cour Saint Fal, qui vendra par la suite à Louis Picot, seigneur de Beauvais, et Anne dont le mari, Jean de Regnard, est capitaine des bois et forêts de la baronnie de Maraye.

Les fils Pierre, Charles et Georges de Regnard héritent de leur père et de leur oncle tous les ennuis attachés à la succession. Malgré bien des artifices de procédure, malgré la séparation de biens entre Pierre et sa femme Marie Rousselet, malgré la vente par Pierre et Charles, à Georges de leurs droits sur la maison seigneuriale de la Motte-Rumilly le 24 octobre 1668 (Archives de l’Aube. Fonds Noël de Buchères. 1 E 59), ce dernier ne peut éviter la saisie.

Comme tous les gentilshommes, il est tenu de répondre à la levée du ban et de l’arrière-ban, mandement public adressé par le roi aux baillis royaux, publié et crié par un sergent, dont le but est la convocation des vassaux et arrière-vassaux de la couronne qui doivent ensuite se rendre en armes à l’armée du roi. Le ban est levé, en 1674, dans le bailliage de Troyes (P.V. constatant la levée du ban et de l'arrière-ban dans le bailliage de Troyes, p.30).

“Le dimanche 2 septembre à une heure de l’après-midi, au palais royal de Troyes, est tenue la première séance de convocation du ban et arrière-ban du bailliage de Troyes par Charles Largentier, bailli de Troyes... et le samedi 8 septembre à deux heures de l’après-midi, les gentilshommes se présentent à la montre et élisent entre eux un lieutenant, un enseigne, un guidon et deux brigadiers... Puis il est ordonné à tous de monter présentement à cheval pour recongnoistre s’ils sont montez et armez en bon estat pour servir le Roy...

...Pierre de Regnard écuyer, sieur des Angles, demeurant à Maray en personne se déclare aux ordres du Roy.

...Georges de Regnard, sieur de la Motte remontre qu’il ne peut servir, ses chevaux ayant été saisis et vendus et son fief étant en bail judiciaire et requiert surséance et provision de mille livres sur son bien pour fournir son équipage suivant sa qualité.”

Par la suite.

C’est la ruine définitive de la famille Regnard dont les biens, à Rumilly, passent aux mains de créanciers dont le plus important est Michel Noël de Buchères. Nous sommes en 1688.

En 1737 (Registre de l’état-civil.), Edme Jolly, qui occupe le château de la Motte, est cité bailli gruïer de Rumilly c’est-à-dire chargé de la justice des bois. En 1739 (Registre du conseil de fabrique, p. 91.) c’est comme lieutenant en la prévôté royale qu’il dresse le procès-verbal de l’ouragan qui détruit la flèche de l’église.

Il meurt en 1757 (Etat-civil.), douze ans après son épouse.

Comme il laisse deux filles mineures, on appose les scellés (Archives de l’Aube. Varia 361) : “des bandes de papier blanc sur les serrures avec, aux deux bouts, des cachets de cire jaune”.

C’est Edme Roy qui est chargé de cette opération en présence de Nicolas Joseph Vuibert. Cela nous permet de noter ce que laisse Edme Jolly dans cette vieille propriété qui comprend, avant qu’on la reconstruise, une cuisine au rez-de-chaussée avec une salle basse : trois chambres hautes avec un petit cabinet au premier étage, surmontés d’un grenier, accompagnées, d’une grange, de “sinots”, d’écurie aux vaches et aux chevaux, d’une cave et d’un “tournel”, lequel est seul demeuré témoin des très anciennes constructions.

On y trouve des meubles : deux armoires, l’une en chêne, l’autre en bois de poirier, quatre lits avec leur tour de lit de serge verte dont l’un occupe un coin de la cuisine, trois petites tables, huit chaises “de tapisserie” et un petit coffre en cuir bouilli.

Dans la cuisine on note encore : quatre chaudières et deux chaudrons d’airain, une bassinoire et plusieurs plats et assiettes d’étain.

Au grenier et dans les dépendances, on trouve des petits tas de blé, de seigle, d’orge, d’avoine, du méteil, du “bled froment en gerbée”, de l’orge et de l’avoine non battues, plusieurs voitures de foin, quatre cavales, deux chevaux, un poulain de lait, trois vaches et plusieurs pièces de vin.

Jean Victor Dessaint, gendre du défunt, avocat au parlement, demeurant à Piney, succède à son beau-père à la tête du domaine.

 

 


Retrouvez  le SAUSSINET

au Café-Restaurant du Manoir à Rumilly-lés-Vaudes

et sur le site http://jean.daunay.free.fr